mardi 6 mars 2012

LGV Lettre à Madame le ministre de L’Ecologie, du Développement Durable des Transports et du Logement






Roger Ben Aïm Layrac, le 16 Février 2012
Professeur des Universités retraité
Bigarrat
47390 LAYRAC


A Madame Kosciusco-Morizet
Ministre de L’Ecologie, du Développement durable,
des Transports et du Logement

OBJET : choix du tracé LGV sur la commune de Layrac
.
Madame la Ministre
Vous allez prendre prochainement une décision sur un sujet qui peut sembler mineur au regard de l’importance du projet de LGV Bordeaux/Toulouse : il s’agit du choix définitif du tracé sur la commune de Layrac. Le Comité technique avait dans un premier temps marqué sa préférence pour un projet dit « Nord qui impliquait une double traversée de la Garonne. Suite à un intense lobbying de la Communauté d’Agglomération Agenaise, c’est l’option dite Sud qui vous est maintenant proposée.
L’une des principales raisons évoquées pour ce choix est que ce tracé passe au plus près de l’autoroute et que, de ce fait, il serait de nature à minimiser les nuisances.
L’autoroute A64 traverse effectivement la commune de Layrac en amont du confluent entre le Gers et la Garonne. Cette portion a été construite à la fin des années 70 c’est-à-dire après la terrible inondation de 1977 dont tous les Layracais se souviennent : elle avait fait une victime à Layrac et de très importants dégâts. Le remblai de l’autoroute malgré les exutoires qui ont été aménagés constitue déjà un obstacle important à l’écoulement des eaux vers le confluent. Qu’en serait-il avec un second obstacle, conséquence inéluctable du passage de la voie LGV dans le même fuseau ?
De ce que j’ai appris en Mécanique des Fluides et en Hydraulique lorsque j’étais élève-ingénieur, j’ai retenu des choses simples , de bon sens, que j’ai essayés de faire passer ensuite auprès de mes étudiants tout au long de ma carrière d’enseignant chercheur :
  1. Tout obstacle mis à l’écoulement de l’eau se traduit par une augmentation de la pression en amont dans pour un écoulement en conduite ou par une augmentation du niveau en amont pour un écoulement à surface libre.
  2. Cette « résistance hydraulique «  au passage de l’eau est analogue à la résistance électrique avec la conséquence que deux résistances en série s’additionnent.
Et c’est bien de cela qu’il s’agit, c’est cela qui préoccupe tous ceux qui ont en mémoire les crues du Gers . L’obstacle supplémentaire que représenterait le passage de la ligne LGV en amont du confluent Gers/Garonne aurait un impact sur le niveau des crues du Gers en particulier sur la commune de Layrac qui est « aux premières loges ».
J’ai assisté aux réunions de présentation des résultats des études techniques qui ont été menées pour minimiser l’impact de la ligne LGV. J’avoue avoir été rassuré sur le sort des batraciens et échassiers mais j’avais manifesté alors mon étonnement sur le fait qu’aucun résultat de simulation hydraulique n’ait été présenté. Il m’avait été dit que ces études seraient faites après le choix du tracé ce qui peut paraitre surprenant et choquant.
Aujourd’hui que le choix se limite à deux tracés sur une petite portion de la ligne, il me semble particulièrement important d’avoir le résultat de ces études de simulation avant de prendre une décision.
La crue de 1977 était certes une crue exceptionnelle avec un débit instantané de pointe qui a représenté 150 fois le débit moyen et un débit sur 24 heures qui a représenté 100 fois ce même débit moyen. Mais une ligne LGV a une durée de vie très longue, sans doute 50 ans, peut-être plus et nous savons que dans les 50 ans à venir des changements climatiques sont inéluctables. Le Sud-Ouest est l’une des zones ou ces changements devraient se manifester et l’une des conséquences en sera la plus grande fréquence des évènements extrêmes comme nous pouvons déjà le constater. De plus, l’imperméabilisation progressive des sols survenue au cours de ces dernières années constituera un facteur aggravant lors des fortes précipitations puisqu’elle se traduit par une moindre rétention. Il faut enfin réaliser que la crue du Gers de 1977 s’est produite en Juillet et que cette année-là la Garonne était en crue en Mai : si les deux évènements avaient été simultanés, les conséquences auraient été encore plus catastrophiques. Or cela est déjà arrivé dans le passé et la probabilité que cela se reproduise est loin d’être négligeable Il ne s’agit donc pas de raisonner avec une approche traditionnelle qui consisterait à ne prendre en compte que les crues trentenaires du Gers dans l’évaluation du risque. Il s’agit de tenir compte des éléments nouveaux qui sont aujourd’hui disponibles pour aboutir à une réelle évaluation du risque grâce à une simulation hydraulique. Cette technique est aujourd’hui parfaitement maitrisée et d’un emploi commun : une telle étude serait certainement moins couteuse et plus pertinente que celles qui ont fleuri au cours des derniers mois.
Madame la Ministre, j’ai pu apprécier votre clairvoyance en plusieurs occasions, c’est pourquoi je m’adresse à vous aujourd’hui. Au moment où vous allez prendre une décision qui aura des conséquences vitales, faites-le en complète connaissance de cause ! Et, pourquoi pas, venez rencontrer ceux et celles qui ont une expérience vécue des crues à Layrac. Certains d’entre eux ont connu celles de 1930, 1952 et 1977 et savent ce qu’elles représentent pour les hommes et les femmes qui vivent et travaillent dans ce coin de France : ils ne comprendraient pas d’être moins bien considérés que des batraciens ou des échassiers.
Je vous prie de bien vouloir agréer, Madame la Ministre, l’expression de ma très haute considération. 

 " Ce courrier adressé le 16 Février est resté sans réponse à ce jour . Madame Nathalie Kosciusco Morizet a certainement d'autres chats à fouetter et son remplaçant Monsieur Fillon semble s'intéresser davantage à la viande hallal qu'aux crues du Gers ( à chacun ses priorités ...) . Quant au préfet , représentant de l'état , il ne s'est pas manifesté non plus , pas plus qu'il n' a répondu au courrier que lui a adressé Josette Ben Aîm qui a  vécu les crues de 1952 et 1977. "





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